"Ce n'est pas ça qui va sauver la France", les associations et syndicats de retraités réagissent à la possible fin de leur abattement fiscal

Dans un entretien au Parisien, Amélie de Montchalin, la ministre des Comptes publics n'a pas écarté l'idée de supprimer l'abattement fiscal dont bénéficie les retraités depuis 1978. Une possibilité qui fait réagir chez les syndicats et associations de retraités.

Bientôt des manifestations de retraités ? Rien n'est encore officiel, mais la plupart des associations et syndicats de retraités sont vent debout contre la possible volonté du gouvernement de remettre en cause l'abattement fiscal dont bénéficient les retraités depuis 1978.

Concrètement, les pensions de retraite bénéficient d'une déduction de 10 % appliquée par le fisc. L'abattement de 10 % ne peut pas être inférieur à 450 euros par chaque titulaire de pension et ne peut pas dépasser 4 399 euros par foyer. Selon une étude de l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), la note peut devenir salée en fonction du revenu annuel déclaré par le ménage de retraités.

Une économie importante pour l'État

Dans le cas où l'abattément fiscal serait effectivement supprimé, pour un ménage déclarant entre 30 et 39 000 euros, le surplus d'impôt se situerait autour de 500 euros annuels. La note flambe pour les revenus entre 62 500 et 95 500 euros annuels avec 810 euros de surplus d'impôt. Selon l'annexe consacrée aux dépenses fiscales les plus coûteuses, l'abattement de 10 % sur le montant des pensions est le troisième plus important. Sa suppression permettrait d'économiser près de cinq milliards d'euros.

L'abattement de 10% sur le montant des pensions permettrait d'économiser près de cinq milliards d'euros. • © Capture d'écran annexe au budget 2025

Association et syndicats vent debout contre cette hypothèse

"Je suis complètement contre. Cela va rapporter cinq milliards alors que l'état a besoin de 40 milliards d'euros. Ce n'est pas ça qui va faire la jonction", témoigne Patrick Baudin, le président de l'association de retraités de l'Aube. "On est vent debout contre ça. Ce n'est pas ça qui sauvera la France. On la sauvera en gardant nos petits-enfants et en aidant nos enfants. Les retraités ont peut-être un peu plus de moyens, mais en aidant les autres", poursuit-il.

Un constat partagé par Jean-Claude Boulben, secrétaire des retraités de la CGT de la Marne. "On veut encore taper sur les mêmes, on prend toujours cette solution et ce n'est pas la bonne." À la retraite depuis une quinzaine d'années, il pointe un manque de reconnaissance. "Regardez dans les activités sportives, dans le bénévolat, combien il y a de retraités. Beaucoup de communes sont aujourd'hui dirigées par des retraités. On continue à amener de la valeur ajoutée à l'État, qui ne le reconnaît pas en tant que telle", assure-t-il.

Les retraités les plus aisés seraient les plus impactés

Dans le Parisien, Amélie de Montchalin, la ministre chargée des Comptes publics restait évasive. "Je pense qu'on ne peut indéfiniment mettre à contribution les actifs pour financer les nouvelles dépenses sociales liées au vieillissement. Ce n'est pas votre âge qui doit définir votre contribution, mais aussi les moyens dont vous disposez."

Dans une note de l'Observatoire français des conjonctures économiques, l'économiste Pierre Madec indique que "la suppression de l’abattement fiscal de 10 % ne toucherait pas les retraités les plus modestes, qui sont généralement moins nombreux à être imposables". Les plus aisés seraient ainsi les plus mis à contribution si cette hypothèse de suppression de l'abattement venait à s'officialiser, ce qui est loin d'être encore fait.